Ranimer la flamme

Il arrive à tout le monde que la flamme de joie et de curiosité, la flamme de l'amour et de la volonté de faire, et pas seulement observer ou imaginer, baisse des ailles... On est fatigué, las, rien ne va comme on l'aurait souhaité et même notre corps se met à nous dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas.

L'hiver, ou plutôt le début des journées mornes qui nous voient nous lever dans le brouillard et nous coucher dans le noir impénétrable d'un orage qui cogne contre le toit comme pour se faire admettre, l'hiver arrive et notre énergie baisse. Que peut-on faire dans ce cas?

Personnellement, j'ai trouvé quelque chose d'infaillible! Mais ce qui est bon pour moi ne l'est pas nécessairement pour les autres. Je vous livre quand même mon petit secret - je pars et je fais quelque chose uniquement pour me faire plaisir! Egoïste, non, je ne le pense pas. On est tellement étranglé des fois avec nos idées noires de culpabilité (d'où que cela vienne!) que l'on ne se permet pas de s'aimer assez pour créer le fond solide qui nous permet de continuer et d'aider d'autres.

Cette année, comme souvent au moment de mon anniversaire, je me suis donné un cadeau exceptionnel - je suis allée participer à la Biennale de poésies internationales à Liège pour la première fois. Au début je me sentais un peu déçue car je ne connaissais personne à part un visiteur fréquent à la galerie, un autre écrivain... mais le placard Mme LAURENT tenu haut dans la foule des arrivants à la gare de Liège m'a tout de suite réchauffé le cœur... on m'attendait! Et soudain les 8 heures dans le train, les trois changements et le manque de sommeil la veille n'existaient plus...

L'après-midi de vendredi, samedi et une partie de dimanche je me suis baignée dans les mots, dans les pensées et dans le travail des ateliers - académiciens, professeurs, écrivains, philosophes... tout un monde qui semble m'échapper à Neuchâtel (si vous avez des idées ou des contacts faites-moi savoir s'il vous plaît!) m'entourait et je me sentais revivre, la flamme intellectuelle se rallumait de nouveau. J'ai écouté d'autres poètes lire leurs poèmes, j'ai même lu quelques uns des miens. Tant de langues, tant de chants et de rythmes différents - cela fait tourner la tête et on en devient soûl des sons exquis des émotions libérées...

La flamme de la créativité est ranimée et je ne peux que remercier tout ce monde extraordinaire de poètes qui se sont libérés de leurs émotions en un partage exceptionnel. Merci, merci, merci, les rencontres faites deviendront les étincelles qui permettront à la flamme de bien me réchauffer pendant un an encore...

Anaïs Laurent                          retour journal