patrice mojonnet - musician sur clavier et orgue

Qui es-tu?  Je suis "Patrice Mojonnet, né le 16 septembre 1948 à Neuchâtel, écoles primaires, secondaires, École Supérieur de Commerce, Maturité, employé de bureau, employé imprimerie Offset, employé horlogerie, musicien professionnel durant 4 ans, aide infirmier..."

C'est ainsi que ce musicien talentueux parle de lui-même.  Difficile de voir la personne derrière ce résumé court et sans passion.  Par contre, j'ai remarqué quelque chose, une indice qu'il me fallait poursuivre... ce n'est que quand il parle de la musique qu'il donne une durée de travail professionnel et je me suis mise à creuser un peu autour de cette idée.

Il a commencé à faire de la musique à l'âge de 9 ans, du piano, puis il s'est mis à l'orgue de l'église à l'âge de 15 ans.  Repéré par un groupe professionnel de Neuchâtel, "The Goldfingers", il a été engagé comme clavier. Et cette activité lui a bien plu, mais sa mauvaise santé a fait qu'il a du s'arrêter...

Patrice est réservé, c'est le moins que l'on puisse dire.  Il parle et il bouge tout doucement, comme si le fait de déplacer l'air lui faisait mal.  Mais mettez lui un clavier sous ses longs doigts et le monde extérieur disparaît dans un monde intérieur plein de créativité, de musique classique ou d'impromptus.  Son côté rêveur se lit sur sa figure et ses épaules, si souvent haussées en signe de stress et d'angoisse à se confronter au monde peu rassurant, commencent à prendre une position plus naturelle, en harmonie avec sa musique.  Il oublie d'être malade ou chétif, il oublie qu'il y a du monde qui le regarde ou qui l'écoute et il joue, tout simplement, il joue. 

Et pourtant, ce grand romantique sensible a été mise à l'AI en 1991 (maladie psychique, alcool, drogues).  Il a suivi des ateliers protégés et a vécu au Foyer-Handicap à Neuchâtel jusqu'en 1996, d'où il a été mis à la porte.  Par la suite il a eu une vie difficile où il a erré de clinique en clinique psychiatrique jusqu'en 1999.

En janvier 1999 quelque chose d'important s'est passé.  Il a rencontré Jean-Pierre Lambert, directeur du Journal Objectif Réussir et s'est fait engagé comme écrivain journaliste.  Cette rencontre lui a changé la vie: elle a tout d'un coup commencé a avoir un, voire même plusieurs buts, et il se sent moins seul ces jours-ci, car l'Equipe du journal est devenue sa famille et son support et soutien.  "J'ai retrouvé la joie de vivre et le goût du travail fort bien ciblé sur mes compétences et ma problématique de santé."

Récemment il commence à faire de la musique pour les émissions de la nouvelle télévision sociale Télé Objectif Réussir et la Galerie Quint-Essences le pousse à proposer une bienvenue musicale à nos invités pour nos vernissages.  On a du un peu le forcer, mais une fois fait il se rend compte qu'il ne déteste pas tout à fait ça!

Il compose tous styles de musique malgré le fait qu'il ne lit pas les notes, et il se permet de dire avec un petit sourire légèrement fier, "c'est un don."  Il est auteur, compositeur, interprète et il a une prédilection pour la musique calme.  C'est sa manière de se détendre, dans un monde fou, froid et robotique, un monde plein de stress et d'incompréhension verbale.  Chaque note parle pour lui de sa sensibilité, de son besoin d'être entouré et de moins se sentir seul... 

Nous lui remercions de nous faire le plaisir de partager son "don" avec nous car cela nous apporte à nous aussi, beaucoup de beauté et de joie de vivre.  Merci Patrice!

Commentaires d'Anaïs Laurent, galeriste     

le 13..11.05                       N°2 (article dans le Quint-Essential News)